Fête de l’Huma (J2)
16h30 Wax Tailor @ Scène Zebrarock
Plutôt habitué des salles obscures, c’est en pleine après-midi que Wax Tailor et ses musiciennes ont investi la scène avant-gardiste de l’huma. Ce samedi, l’ambiance se veut rap et hip-hop. Difficile de classer Wax Tailor dans une de ces catégories : à vrai dire ses ambiances feutrées et ses mélanges instrumentaux relèvent plus du trip-hop et du monde de l’électro. Quoiqu’il en soit, un bon set se prépare. Wax annonce l’absence de vidéo, vu l’heure.. « matinale » ! C’est également la dernière date de sa tournée, auront-on droit à un show spécial ? Wax jongle entre ses platines, ses PC et ses multiples pitchs enchainant des samples tantôt enflammés tantôt mélancoliques, langoureux même. Est-ce du à la charmante violoncelliste ? La demoiselle à la flute traversière nous emmènerait-elle dans son monde enchanté ? A moins, que ce soit la chanteuse qui nous transporte par ces mélodies vocales…
« Ca vous dit une session hip-hop ?! ». Faut pas croire : c’est Mr Wax Tailor, s’il sait imposer ces trips à la Portishead, il sait aussi manipuler ses consoles pour nous livrer un hip-hop de qualité. C’est ce qu’il a prouvé à un public qui n’attendait que ça : après quelques titres sympathiques mais somme toute assez calme, ce réveil hip-hop sonne comme la messe pour les amateurs présents. On voit les mains se lever et les têtes basculer, quand je disais que ces demoiselles étaient hypnotisantes ;-). Wax parle au public entre ces pistes, annonçant le nom des morceaux et se permettant même quelques blagues. La scène lui réussi. Seul bémol de ce concert, l’absence quasi complète de show visuel, pas de jeu de lumière : dommage pour un DJ qui reste derrière ses platines, surtout s’il est habitué aux ambiances de nuit.
18h30 Les Têtes Raides @ Grande Scène
Les Têtes Raides ont présenté à l’Huma un concert quelque peu atypique : sur la thème de la commémorration de 1936, le groupe a invité de nombreux artistes, pour la plupart issus du milieu hip-hop ou du slam, pour intervenir pendant le concert. Le monde, que dis-je, la masse est au rendez-vous pour ce concert attendu : une foule énorme est réunie devant et autour de la grande scène, regardez les photos prises à ce moment là, c’est très impressionnant ! On voit de ci, de là des drapeaux rouges du PCF, des drapeaux bleus européens, ils ressemblent à de petits ilots noyés dans cette marée de têtes humaines.
Les Têtes Raides, emmené par le toujours dénonciateur Grégoire Simon, ont évidemment joué de nombreux titres phares mais ont largement laissé la vedette à leurs invités. Sur les écrans géants, les images alternent entre celles de la scène et des images de l’époque des premiers congés payés.
Entre chaque piste, c’est Félix du collectif Spoke Orchestra qui intervient pour délivrer un flow impressionnant et très engagé : contrastant nettement avec le style des têtes raides, il est évident que le but était de retenir toute l’attention du public. Ce fut chose faite avec notamment l’histoire du steak haché où la foule est littéralement restée pendue aux lèvres de Félix. Autre invité qui s’est fait remarqué, The Ex. Ces anglo-saxons se sont totalement emparés de la scène : exit les têtes raides et son batteur aux cheveux grisonnant, bonjour The Ex à l’énergie à l’image de la batteuse du groupe, impressionnante. Eux-aussi ont l’air très engagé mais leur anglais débité à si vive allure ne trouvent pas trop d’entendeurs.
Même si, dans sa forme, le concert a été créatif, les têtes raides sont restés fidèles à eux mêmes : finalement assez peu communicatif avec le public mais toujours impressionnant de maîtrise compte tenu du nombre d’instruments présents sur scène. Beaucoup de cuivres (sax, trompettes), une guitare de l’age de pierre(!), les violons-et-violoncelle, en tout une dizaine de personnes qui s’affairent en permanence dans cet univers musical complet.
20h30 The Subways @ Grande Scène
En ce début de soirée sur l’Huma, la foule se fait encore plus impressionnante pour un concert qui promet de beaux pogos : The Subways. Evidemment, tout le monde attend le (trop) populaire « Be My, Be My, Be my little rock and roll queen !!! ». Pour ma part, j’arrive vers la fin du concert : fallait bien se pommer une fois sur le site ;-P. Quand je vois l’ambiance au devant, je suis évidemment déçu de ne pas être arrivé plus tôt.
Les jeunots Charlotte Cooper (chant, basse) et les deux frères Billy Lunn (guitare) et Josh Morgan (chant, guitare) assurent un show terrible; la fougue de la jeunesse diront certains, mais officiellement c’est de la « teenage angst » (à traduire par à peu prés : rage chaotique de la jeunesse) qu’ils tirent cette énergie. Entre pop anglo-saxonne et punk-garage, le groupe sert au public de la grande scène ce qu’il attendait depuis le début : du bon rock’n’roll aux riffs agressifs, aux paroles gueulantes et sans détours. Les mélodies sont simples mais efficaces, rien de tel pour avoir du succès. Assurément, le groupe est en train de devenir un incontournable de la nouvelle scène rock.
22h Raphaël @ Grande Scène
On essuie sa sueur, on remballe les tee-shirts mouillés du concert précédent, c’est l’heure de Raphaël, le grand, beau et fort Raphaël. Là, je crois que c’est bon, chaque centimètre carré de la plaine devant la grande scène est occupé. La foule est tendue. Je ne comprends pas trop pourquoi. Après tout, Raphaël ce n’est pas si génial. Mais apparemment, je dois me tromper. Partout : « Raphaël, mon idole que j’ai toujours voulu voir de toute ma vie », « Raphaël, oui ! Dans la caravane… ». Je résiste et reste quand même sur la pelouse bondée. Viens la première piste, ça oui, quelle voix. Raphaël, c’est quand même particulier, sa voix, vous savez. « Comment ça va ? » dit-il, avec sa voix que j’imite dans ma tête mais que, malheureusement, je ne peux pas vous faire partager. Les filles sont aux anges : il est train de sourire. Je ne comprends toujours pas. Il fait une deuxième chanson (encore une balade). Le public est déjà conquis. Finalement, je me marre, il est hallucinant ce type. Début de la troisième piste, déjà la caravane ? Et bien, il est temps de la prendre et de faire un petit tour sur le site.
23h Flobard @ Scène du Nord
Retour à une ambiance de chez nous, beaucoup plus festive, avec Flobard. Habitué aux scènes de la région, vous les avez peut-être croisés au début de l’été au festival « Les arts, on dit… » à Chéreng. Avec un violon omniprésent et leurs mélodies celtiques, Flobard fait d’abord penser à un groupe breton. Mais leur musique emprunte à tous les genres, du tsigane au folk-rock. Les rythmes dynamiques et la présence forte du chanteur, qui au fur et à mesure du concert, se débarrasse de tout ces atours, est une véritable invitation au voyage et à la fête. Dans un esprit convivial et festif, Flobard vous communique cette énergie dansante des chansons traditionnelles. Cela ne s’arrête pas là : les paroles du groupe sont riches en messages d’espoir et défendent leurs valeurs. Elles dénoncent aussi les petites réalités quotidiennes et évitent le piège de la chanson tristounette, en gardant toujours de l’humour. Flobard, c’est une bouffée d’air sur la scène du nord, un vent qui souffle agréablement et qui nous invite à la bonne humeur.