Category: Guyane


L’offre ne manque pas à SLM même si de prime abord, il semble qu’elle soit un peu redondante. En effet, la première chose qui saute aux yeux pour le bipède affamé que je suis est la présence importante de restaurant-snack asiatique et plus particulièrement chinois : chow min (nouilles au wok avec accompagnement de légumes ou viande), chop suey et riz cantonnais sont ici des plats « typiques ». Cela est d’autant plus vrai que la plupart de ces snacks font de la vente à emporter, incitant ainsi les ouvriers et travailleurs à s’y approvisionner. Les prix sont de plus raisonnables : comptez 3€ un riz catonnais et 6€ un chow min bien servi. J’ajoute que l’aimabilité des vendeurs chinois de ces restaurants est généralement toute relative : patron ne pipant pas un mot sauf pour indiquer le montant de l’addition…

Mais il y a d’autres restaurants : on repère aisément de loin les « restos à métros », avec leur terrasse joliment décorés et leur cadre bucolique : menu du jour 13€, Wifi gratuit. Difficile pour moi d’aller vers ces restos pour le moment vu ma volonté de fuir mes congénères. Force est de constater cependant qu’une fois que nous aurons fait connaissance avec des « métros » l’idée d’aller dans l’un de ces restaurants se pointera un jour ou l’autre en se disant « Allez, on se fait plaisir »…, un passant voyant la tablée pourrait très bien avoir les mêmes pensées que ce que j’ai décrit quelques lignes plus haut… Ah misère de métro-attitude !

Au marché, il y a l’équivalent d’une baraque à frites avec donc, ses frites, son steack-frites et son menu marocain (!) : poulet-merguez. Sous les halles de la place du marché, le mercredi et samedi, plusieurs gargottes vendent des soupes asiatiques typiques : bon et pas cher !

Vous pourrez trouver aussi des pizzas à emporter en ville. Par contre (et je trouve ça positif) pas de fast-food ici ! Je n’ai d’ailleurs pas vu d’endroits où l’on vend des hamburgers.

Quant aux restos typiques guyanais et créole, nous n’avons pas encore mis la main dessus. Affaire à suive, certainement dans un post « Manger local à Saint-Laurent du Maroni ! »

Une intéressante discussion avec le proprio de notre location saisonnière à SLM nous a conduit à discuter de la perception des guyanais par rapport aux métropolitains s’installant en Guyane. Le moins qu’on puisse dire, c’est que le bilan n’est pas très bon, surtout pour les fonctionnaires. En gros, voici le système tel que Robert (c’est une pseudo) notre hôte pour la semaine, nous l’a décrit : les fonctionnaires « métros » débarquent en Guyane, un poste important en main, surclassant directement les guyanais. Ils reçoivent une prime « vie chère » équivalent à un +28% de salaire, un prime « éloignement » de 16 fois leur salaire (oui, oui) versée en 3 fois (chiffres non vérifiés !!). Et les impots ? Il y a une exonération spéciale pour ces métros éloignés… Pour couronner le tout, les métros bénéficient d’avantages fiscaux (d’autres exonérations) sur tout un tas de choses dont les achats immobiliers. Des métros effectuent ainsi une culbute plus qu’intéressante en investissant en Guyane.

On peut se poser la question, la présence de ces métro-fonctionnaires améliorent-elles les administrations ? L’enseignement dispensé par ces professeurs est-il meilleur ? D’après Robert, non et c’est même pire : ces métros sont clairement là par pur enrichissement personnel, méprisant le reste au bénéfice prioritaire de leur propre confort. Nous nous attendions à ce genre de discours pour avoir lu des choses sur la séparation métros-locaux dans les DOM. Le fait cela dit d’en avoir la confirmation de vive voix nous a mis mal à l’aise. N’avons-nous pas nous aussi projetté de rester un peu en Guyane le temps d’en « profiter » ? A cet instant, on se sent coupable d’avoir céder à cette tentation et de « ressembler » à nos congénères capitalistes de l’hexagone; on se demande si cette image ne va pas nous coller à la peau. Nous sommes cependant confiants sur notre façon d’être, de dépenser notre argent et sur le respect de la culture locale. Mais, nous avons cette bizarre sensation d’avoir à faire nos preuves en tant que… minorité non appréciée. Tout un programme !

Arrivés de nuit à Saint-Laurent du Maroni n’était peut-être pas l’idéal pour se donner une première idée de la ville… Car de prime abord, c’est un peu la far-west ! A 22h, tous les commerces sont fermés, les ruelles faiblement éclairées semblent désertes à l’exception de rares silhouettes qui déambulent mollement dans la semi-obscurité… Quel décor ! Et surtout merde qu’est ce qu’on fout là. Trouver l’hotel est assez facile, le sommeil arrive lui aussi bien vite après un transit qui aura duré plus de 20h… Le lendemain matin, notre première ballade confirme les premières impressions : c’est bien le far-west ! Cette fois-ci les commerces sont ouverts mais ça ne change pas l’impression générale : les rues se succèdent à angle droit, des maisons de bois aux peintures craquelés les bordent. Par contre, il y a nettement plus de vie maintenant : les commerces sont ouverts, on sait d’ores et déjà que l’on ne manquera pas de produits chinois (plastique en tout genre et petits plats). C’est aussi jour de braderie dans l’une des rues principales et les locaux déambulent à l’affut des promotions. On trouve de tout : vétêments, cocottes, tupperwares,… un événement local, d’ailleurs on verra même une camionnette de Guyane Première avec sa grosse antenne satellite. On commence aussi à trouver des repères : voilà une banque (pas plus de deux clients à la fois à l’intérieur, certainement pour éviter les hordes de bandits), et ici c’est la CAF avec son panneau bringuebaland; il y a un Proxi ici aussi. Marrant de retrouver la chaine de magasins où il y a deux jours à peine, on pouvait acheter nos Trois Monts. Est-ce qu’un jour ce Proxi deviendra notre commerce de prédilection pour trouver du Rhum ? Des locaux en tout cas, semblent avoir un endroit de prédilection pour boire des bières, à en juger par la quantité de cannettes au sol : il ne s’agit pas d’un bar, mais du parvis devant une supérette le long du terrain de football. On nous avait prévenu ici, c’est dans la rue que les gens se réunissent pour piccoler. La ballade au hasard nous mène vers le Maroni, la rivière qui donne une partie de son nom à la ville : immense, c’est le premier mot qui vient; on voit bien des terres ici et là au loin mais laquelles est une île, laquelle est le continent ? Impossible à dire pour le moment, l’idée de faire cette découverte plus tard et voir qu’il y a des choses à apprendre me monte à la tête et me rends joyeux. De plus que les abords du fleuve on nettement plus de charme que les rues du centre : des maisonnettes avec plein de végétation, de l’espace, on respire plus ici. Avec le temps, c’est sur, on trouvera le quartier où l’on voudra une maison !

NB : On est encore en pleine phase recherche d’appart, pas de photos pour le moment !

Alors déjà, non, la Guyane, ce n’est pas un autre pays ! Ce n’est pas non plus une île ! Et quant à savoir si c’est paradisiaque, ça on vous le dira lorsqu’on y sera.


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Donc la Guyane, c’est frontalier avec le Brésil (saviez-vous que le pays avec lequel la France a le plus de frontière est le Brésil ?!) et le Surinam. C’est le département français le plus grand et aussi le plus boisé. Pour se donner une idée en taille, la Guyane c’est quasiment 1/5 de la France.

Alors pourquoi on a choisi de partir en Guyane ? C’est d’abord la volonté de se poser quelque part et d’arrêter de squatter les canapés des amis ;). L’idée était de rester en France le temps de renflouer les comptes et pour Adeline comme pour moi, on s’est dit que ce serait plus pratique et plus rapide dans un pays francophone ou dans un DOM. Nous avons d’abord pensé naturellement à la Réunion : ses belles ballades sur les volcans, ses plages de sable noir, sa végétation luxuriante,… Néanmoins la Réunion est un DOM très développé, ressemblant beaucoup à la métropole et cela ne nous attirait pas trop. Nous avions déjà écarté de vivre en Nouvelle-Calédonie du fait du manque de travail pour Adeline sur place. Au final, la Guyane est apparu comme le département le plus proche de ce que nous recherchions : un côté roots encore présent, de quoi bosser à gogo pour Adeline, des sujets photographiques et de la tranquilité pour Mike, et puis en bonus, un climat agréable avec de quoi explorer dans les alentours, c’est pas de refus !

Il nous restait à choisir la ville où se poser et grâce aux amis s’y étant rendus, le choix s’est porté sur Saint-Laurent du Maroni, en haut de la Guyane, à la frontière avec le Surinam. Une jolie ville pleine de vie à ce qu’on dit ! Même si sa situation proche de la frontière apporte aussi une certaine insécurité à laquelle on va devoir s’habituer… On vous racontera comment ça se passe ;).

En savoir plus >> http://fr.wikipedia.org/wiki/Guyane